Sur
la photo une personne s’ennuie. Les deux autres et leur joie de vivre,
joie de vivre qui rappelons-le, a succédée leur naissance, vivent cet instant
sans aucune souffrance. Normal ; quand
on vit bien : une promenade, une photo, ce n’est rien ; ce n’est pas
synonyme de tristesse en tout cas.
Personne
ne s’aperçoit de quoi que ce soit, pas même le photographe trop occupé à
exceller. Il faut dire qu’en matière de composition il n’y a pas mieux :
mettre une chose que l’on aime (sa famille), devant une autre chose que l’on
aime (un édifice religieux), c’est excellent, cela s’additionne. Heureusement, toutefois, qu’il y a une
hiérarchie dans l’amour. Elle nous évite que les deux choses tant aimées se
soient retrouvées sur le même plan, mieux encore, elle nous épargne l’édifice
devant la famille. Cela n’aurait peut être pas été déterminant par la suite,
qui sait ? Ici c’est le souvenir qui compte, la trace d’une existence que
l’on peut revoir de temps à autre dans un album photo. Et c’est bien le problème de celui qui, à six
ans et demi, s’ennuie adossé à la montagne de pierres marron. Être là, sans qu’aucun
n’ait d’autre ambition que de laisser le temps s’écouler tristement. Qu’il n’y
ait personne pour dire : « Allez !
On bâtit plus gros à côté ! Ça vous dit ?»