MOTIVATIF



Attention, cette fois je tiens la recette d’un bon film de science-fiction.
Ça m’est venu alors que j’étais sur une route Sarde, en vacances dans une voiture. Je regardais le paysage, plongé dans les calculs douceâtres d’une fin de journée type pour l’occidental nécessiteux parti trop loin, trop longtemps, sans budget prévisionnel, mais qui pourtant a loué une voiture, a décidé de dormir toutes les nuits sous un toit, que s’il avait bien fait ses comptes, il aurait loué un carton, dormi sur la plage, et n’aurait pas mangé autre chose que sucer un sucre. Quand même bien, donc, au volant des vacances, à profiter d’une vue exceptionnelle sur un dépôt pétrolier isolé au lointain par de vastes terrains secs, quand m’est apparu le concept génial d’un film de science-fiction.
L’énergie et les moyens qu’il faudrait dépenser pour réaliser un tel film sont hors de ma portée, pareil pour rédiger les cinq cents pages du roman, pavé fourmillant de descriptions indispensables à la transposition du lecteur dans un monde futuriste, type « Il empoigna son zyka, et, déclencha le processus mimétique des gènes phares de son corps. En une fraction de seconde il était devenu Isabella, Isabella était devenu lui. » : hors de ma portée. Pourtant, ce concept que je vais vous expliquer, il faut l’exploiter pour en faire un succès. Il manque quoi ? deux trois personnages tout au plus, dont celui qui va quêter le Krombic (admettons), pierre interstellaire sculptée par une civilisation extraterrestre ultra-avancée, qui une fois possédée permet de régner sur le cosmos en imposant sa vérité. La vérité du quêteur, c’est le mal partout. À s’imaginer que s’il réussit son projet, que le mal est partout et tout le monde est mauvais, il n’y aura plus vraiment de matière à concevoir autre chose que le mal, et qu’ainsi le mal serait la nouvelle vision du bien. Sans oublier le héros, ce pourrait être un masculin, la quarantaine, type occidental nécessiteux, mais du futur, qui va s’opposer à une force dont il ne mesure pas l’ampleur. Face au quêteur de mal, il serait tout petit au début, mais grand dans l’âme à la toute fin, car ce n’est pas en imposant une seule vision, mais en faisant respecter la diversité que l’on réalise un monde parfait. Je jette tout ça rapidement, bien sûr, le mec habitué à écrire des fictions arriverait sans peine à développer un panel psychologique des plus éprouvant, avec son lot de montée descentes qui tiennent en haleine le lecteur, il faut lui faire confiance. Moi ma partie c’est le concept, le reste, je le laisse aux connaisseurs.
Alors voilà, voilà ce que j’ai imaginé en conduisant l’automobile d’un bras alanguit, l’autre pendouillant à l’extérieur de la portière, mon regard porté vers le site où se situaient au lointain les silos de carburants, j’ai imaginé que dans le futur, quand le pétrole ce sera fini et qu’on aura déserté ces sites de stockage pour investir dans une nouvelle énergie, il y aura des bobos pour transformer les silos en restaurant ou en bar, comme les anciens entrepôts qui sont parfois aménagés en restaurants ou en bar aujourd’hui. Donc faut s’imaginer dans ce film de SF, le héros, parce qu’il a rendez-vous avec un énigmatique personnage pour organiser la résistance, se diriger vers un silo, et nous on découvrirait qu’à l’intérieur c’est un restaurant. Normal, il avait rendez-vous au restaurant.