LE CALENDRIER DES MINUTES

 photo CALENDRIER-DES-MINUTES-STUDIO-LENT-WEB_zpsd46995a0.jpg Calendrier des minutes. Pierre-Guilhem pour les éditions Studiolent.

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Décembre 2014.

C’est parce qu’actuellement je m’intéresse à la représentation des mesures que j’ai dessiné un calendrier des minutes.
En avons-nous ?
Non.
Pourquoi ne pas en avoir ?
En physique le temps est une donnée qui se compte en milliardième, en million, en x puissance, etc.; les minutes c’est vieux style. Le temps est parfois tellement éloigné qu’on ne peut pas le quantifier, et si le physicien dans son laboratoire, la tête penchée sur ses données, semble l’avoir trouvé c’est certainement qu’il s’est trompé; n’importe quoi.
Chez Studiolent, la réalité est tout autre: parfois les journées sont longues, un calendrier des minutes ça reste précieux.


Vous pouvez le commander sous forme de poster A0 aux éditions Studiolent, ici.


Pour R.

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L'ordre. Gouache, aquarelle, et lettres transfert. 48x63cm.

Horloge

L'HORLOGE photo HORLOGE_zpscb48a7d2.jpg
Horloge. Aquarelle, 102 x 156 cm.


Mes dessins actuels sont composés d’un bleu plus une autre couleur. Il s’agit pour moi d’une épreuve supplémentaire ; choisir des teintes, les agencer— peindre en quelque sorte— est une chose que je n’avais jamais pratiqué. Ça n’a rien à voir avec colorier. Colorier, ça oui je vois : c’est mettre de la couleur au bon endroit pour préciser une idée. Mais quand le trait ténu occupe pauvrement l’espace, il n’y a pas vraiment de bon endroit.
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Calendrier de l'année, sérigraphie réalisée par L'institut Sérigraphique.

Les saisons.

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Les saisons. Encre et Aquarelle, 82x124 cm.

"[...] je dormais."

Comment se sent-on à la fin de tous les mois quand il y a moins d’argent que plus du tout sur son compte bancaire ? Il faut l’expliquer.
À la fin du mois, à partir du 10, certains ayant gaspillé touts leurs revenus en alimentation ou autres produits accessoires entament la période d’économie.
Les personnes riches qui font des économies prélèvent sur leur épargne une somme qui  à la louche ne sera pas dépensée pour la mettre à l’abri. Là où elle est placée, la somme d’argent s’accumule en tas. Au début c’est un tas, puis il va grossir progressivement jusqu’à devenir une montagne, car profitant du plaisir que cela procure aux banques l’argent est récompensé : on lui offre de l’argent.
Cela fait plaisir aux gens le jour où il leur arrive un coup dur, comme payer une rançon à qui  séquestre un membre de la famille par exemple, ou bien le jour où il est décidé de faire une folie, comme s’offrir un sac cher sans se prendre le chou.
En revanche, ceux qui ont peut d’argent empruntent sur ce qu’ils prévoient de ne pas avoir. 
Lorsque ce processus est engagé, il se peut que le corps tout entier tressaille à l’idée d’une moindre dépense. Ce même symptôme qui accable les avares et les pauvres, où chaque sou disparu arrache à l’âme un peut d’amour propre, est un serrement de cœur. Mais il ne faut pas confondre les malades : l’un souffre de voir disparaitre avec ses sous touts ses choix de miséreux, tandis que l’autre ne souffre pas, il est juste angoissé. L’un est condamné, l’autre hypocondriaque.
Celui qui décline toute invitation au terme du mois parce qu’il ne peut décemment pas apporter une bouteille d’eau en plastique chez les gens, s’en remet au feeling ; après tout, cela fonctionne pour les trompettistes de jazz. En journée il lance en l’air les dès, et s’ils retombent, doit choisir entre le besoin et la nécessité pour avancer.
Le reste du temps, il patiente chez lui.

FINETE



J’ai envoyé dix plaques de plâtre gravées par courrier. Dix personnes les ont reçues sans la surprise de les découvrir intacte, ou plutôt devrais-je dire : sans être surpris de les constater brisées.
Voilà ce qu’on fait de nos cadeaux. On les entasse avec le reste, et parce qu’il n’a pas été écrit en rouge sur le contenant que l’état du contenu est fragile,  ils succombent au poids exercé par la pression, voyagent mal et se cueillent détruit. Il est normal alors de ne pas s’étonner. Nulle part nous ne faisons ce tri là, il n’existe aucun moyen de le faire et ceux qui, soulevés par une audace de timide ont préféré ne pas avertir avec la couleur, doivent  accepter que rien n’a été fait pour traiter le cas par cas.
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Voilà ce que nous acceptons de donner et trouvons normal de recevoir. Fin H photo FINWEBH_zps24df1ba2.jpg Fin A photo FINWEBA_zpsda04ad5f.jpg Fin C photo FINWEBC_zps313d4ebc.jpg Fin JP photo FINWEBJP_zpsbdd3a7c4.jpg Fin J photo FINWEBJ_zps0f3afdec.jpg Fin P photo FINWEBP_zpsfba16c2f.jpg Fin JM photo FINWEBJM_zpsa0f8ce06.jpg Fin R photo FINWEBR_zpsc21c28e9.jpg Fin T photo FINWEBT_zps00a22ce0.jpg

Ces documents sont les dix réponses des destinataires. Un texte était joint à l'enveloppe pour expliquer ma démarche.

" Bonjour,
Vous êtes dix à recevoir « FINETE ».
Cette pièce consiste en un envoi de dix plaques de plâtre portants l’inscription gravée FINETE.
Peut-être l’avez-vous reçu brisée ou ébréchée, peut-être qu’elle vous est parvenue intacte. Ce geste est volontaire, soyez rassuré.
Ce mot que vous lisez n’existe pas. C’est un mot employé dans le jargon familial pour décrire à des enfants ou des mamées que quelque chose est doux : c’est « finete… », pour dire que c’est fin au touché ; ou encore, faire « finete » à un chat, c’est-à-dire lui procurer une caresse.
Orthographié comme ceci il donne le sentiment d’appartenir au latin. Mais il peut s’écrire « finète » ou bien « finette » par exemple — c’est comme cela que ça se prononce : [finɛt].
Je vous ai envoyé quelque chose de doux, et peut être que ça s’est cassé — là-dessus, on est d’accord, ce sont d’autres Hommes qui vous l’ont porté. Si c’est le cas, rien n’a été prévu à cet effet ; à vous de trouver un moyen de conserver ce qui vous plaît.
Je vous embrasse.
Pierre-Guilhem.

Ps : Si le coeur vous en dit, je veux bien que par une photo quelconque, smart phone ou autre, vous accusiez réception de ce courrier à mon adresse.
"
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Graines, attendez. Encre et aquarelle, 82 x 124cm.
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Pistolet à peinture rempli de bleu céruléen ; mon outil pour réaliser des grands formats d'aquarelles. 
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L'année. Encre et aquarelle, 82 x 124 cm.

Le menteur en cape.



Il y a quelques jours j’étais à Reims pour travailler sur le décor du prochain opéra de Guillaume Vincent. 
Le soir, en mangeant mon sandwich (je dis « mon » car une fois qu’il a été payé, il en devient ma propriété), je trainais des pieds l’air décontract en vue de m’offrir du bon temps. Alors que je n’en étais pas informé, une  fête médiévale se tenait au pied de la cathédrale.
Il y avait des gens  attablés à des reconstitutions de banquet et, croyant que ce devait être ça « manger » au moyen âge, ils portaient de beaux costumes du Seigneur des anneaux. Les plats avaient l’air bons, et l’odeur magique de paille disposée partout par terre comme avant, m’emportait loin de là.
Un homme en cape est sorti d’une tante ou étaient exposés des haches, des couteaux, et des épées —ce devait être un forgeron— il buvait dans une tasse en grès qui m’a tout de suite interpelée.
Mon frère qui aime le roquefort, et ma mère qui n’est pas la dernière pour acheter les nouveautés de supermarchés, ont été les premiers sur le coup ; voici de quoi il s’agit.
Il y a quelques années la marque Société avait innovée en inventant la Crème de Roquefort. Ce produit avant d’être conditionné tel qu’il est aujourd’hui, était vendu dans des tasses en grès marron. Nous en avions quelques une à la maison que je ne touchais pas —c’était pour le café et je n’en buvais pas encore— mais je me souviens très bien de l’impact marketing sur la famille.
Non seulement on trouvait ça beaux chez nous puisque nous en avions un petit nombre, mais cela faisait des heureux de toute part. Mon père avait un cadeau, par ce cadeau ma mère justifiait sa dépense risquée, et mon frère mangeait du Roquefort.
Aujourd’hui, en simple observateur qui n’a jamais porté à ses lèvres de contenant en grès mais qui sait voir ce qui rend les gens heureux,  je peux certifier que le forgeron buvait dans un vieux cadeau offert par la maison Société et non dans un récipient médiéval.

LES APPAREILS À VENIR

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Appareil n°1. Plâtre, résine, eau teintée. 
Diamettre de la cloche: 50cm.
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Noyau recouvert de cellophane et de graisse.  
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Sculpture, premier essai. 
Travailler sur la cloche, l’un des plus vieux instruments, est une nouvelle envie. Je passe l’analyse, car il va de soit qu’elle est un élément majeur de l’organisation sociale. C’est encore trop tôt pour développer un concept autour de ça, mais l’idée me plait. 
J’ai envie de contourner son histoire, sa fonction première, et d’en faire un volume capable d’émouvoir. 
En plâtre, une cloche sonne à peine. Celui ou celle qui voudrait être entendu par le plus grand nombre d’individus, devrait frapper fort. Mais en plâtre, une cloche frappée fort se brise. Ce n’est pas un bon instrument. C’est le même appareil cassé que chez les muets, les sourds, les aveugles ; l’appareil déréglé des idiots, ainsi que touts ceux qui se sentent seuls, qu’on comprend difficilement.